Grossesse gémellaire et nutrition

Anne-Claire Buffa, Diététicienne Nutritionniste répond aux questions de Jumeaux&Co sur l’alimentation durant la grossesse gémellaire.

Anne -Claire Buffa  diplôme de Diététicienne à l’IUT de Lyon,  un an à l’Hôpital Cardio-Vasculaire & Pneumologie de Lyon, six ans en libéral dans son cabinet sur Grenoble puis Salon de Provence. Elle accompagne les patients dans une prise en charge diététique constructive.

Les femmes doivent elles modifier leur alimentation durant leur grossesse gémellaire ?

La grossesse est une période propice pour prendre ou reprendre de meilleures habitudes alimentaires. C’est en effet une alimentation équilibrée qui vous permettra d’assurer un bon développement à vos bébés et qui vous permettra également de bien gérer votre prise de poids pendant la grossesse. De plus, vous pourrez aussi en faire bénéficier toute la famille.

Tout ce que vous aurez mis en place pendant votre grossesse vous permettra de transmettre à vos enfants dès leur plus jeune âge de bonnes habitudes alimentaires et c’est un grand service que vous leur rendez pour leur assurer une bonne croissance et une bonne santé dans l’avenir.

L’alimentation de la femme enceinte diffère peu de l’alimentation équilibrée que l’on conseille à tout adulte car des mécanismes se mettent en place au cours de la grossesse pour couvrir les besoins liés à la croissance du fœtus et aux modifications de l’organisme maternel. La plupart de ces modifications se mettent en place de façon anticipée car elles sont acquises au cours du deuxièmes trimestre, voir dès le premier, pour constituer des réserves mobilisables au cours du dernier trimestre, lorsque la croissance fœtale est la plus rapide.

Ceci explique que l’apport calorique n’augmente que peu au cours de la grossesse, 150 Kcal supplémentaires sont nécessaires au cours du premier trimestre et 350 Kcal pour les deux suivants. Cette quantité d’énergie représente l’équivalent d’une collation, à titre d’exemple un yaourt représente en moyenne 70 Kcal et 10 cm de baguette 140 Kcal. Veuillez donc à ne pas trop augmenter vos apports alimentaires ce qui vous amènerait à rapidement dépasser ces valeurs.

Ces chiffres concernent les grossesses monofœtales. Dans le cas de grossesses multiples, vous n’avez pas non plus besoin de manger deux fois plus car vos besoins nutritionnels ne sont que légèrement supérieurs aux besoins des femmes n’attendant qu’un seul bébé.

Quelle est la prise de poids moyenne pendant une grossesse ?

Une prise de poids maitrisée vous permettra un retour plus facile à votre poids antérieur mais surtout favorise une grossesse et un accouchement sans complication tout en constituant les réserves suffisantes pour assurer l’allaitement.

Prendre du poids pendant la grossesse est normal et nécessaire. On conseille une prise de poids entre 8 et 12 kilos, c’est une moyenne qui est fonction de votre corpulence avant la grossesse. Une femme plutôt mince pourra avoir une prise de poids supérieur à 12 kg afin d’assurer la croissance utérine optimale à son enfant alors qu’une femme plus ronde qui présente déjà des réserves pourra sans aucun risque avoir une prise de poids moindre.

Si vous attendez des jumeaux, la prise de poids moyenne est de 3 à 4 kg supplémentaires pour tenir compte du poids du fœtus supplémentaire ainsi que de l’augmentation du volume placentaire. Soit une prise de poids moyenne de 15 à 16 kg pour une femme de corpulence normale.

La grossesse et l’allaitement ne sont pas des périodes favorables pour mener des régimes hyperprotéinés ou hypocaloriques. Une alimentation équilibrée et variée est nécessaire afin de couvrir vos besoins nutritionnels ainsi que ceux liés à la croissance de votre (vos) enfant(s).

Y a ‘il un besoin supplémentaire en protéine ?

Le besoin supplémentaire en protéine au cours du 3ème trimestre n’est que de l’équivalent d’1/2 steak haché en sachant qu’habituellement notre consommation de protéine est largement excédentaire par rapport à nos besoins. Il convient donc de conserver une portion de viande, poisson ou œuf (100 à 150g) à un repas et un petit complément au repas suivant de l’ordre de 50 g soit l’équivalent d’une tranche de jambon.

N’hésitez pas à privilégier la consommation de poissons (dans l’idéal 2 fois par semaine) et de poissons gras riches en acides gras essentiels, en oméga 3 et en vitamine D : thon, saumon, maquereau, sardine… qu’ils soient frais, surgelés ou en conserve. Il est conseillé de varier les espèces et d’éviter, à titre de précaution, l’espadon, le marlin et le siki (petite variété de requin) qui peuvent contenir des teneurs élevés en méthylmercure.

En raison de la teneur élevée en vitamine A des foies d’animaux, il est recommandé par prudence pour les femmes enceintes de ne pas manger de foie, quelle que soit l’espèce, ainsi que des produits à base de foie. Il n’y a pas non plus de raison de s’inquiéter si vous en avez consommé de façon ponctuelle.

Et les Glucides ?

Les féculents (pain, pâte, riz, pomme de terre, légumes secs…) doivent constituer la base de notre alimentation et à ce titre être présent à tous les repas. Ils ne doivent en aucun cas être diabolisés et associés à une prise de poids excessive, ils vous permettront au contraire d’avoir des repas plus consistants et d’éviter de grignoter.

Doit-on prendre des suppléments médicamenteux ou des compléments alimentaires

Une alimentation équilibrée permet à une femme en bonne santé de couvrir la totalité de ses besoins nutritionnels en cours de grossesse. Sauf prescription particulière de la part de votre gynécologue, seuls les complémentations en acide folique (ou vitamine B9) avant et en début de grossesse ainsi qu’en vitamine D (selon la date de votre accouchement) s’avèrent nécessaire.

Les produits alimentaires enrichis spécifiquement destinés aux femmes enceintes ou qui allaitent sont inutiles et n’ont pas d’intérêt dans le cadre d’une alimentation équilibrée. Les compléments alimentaires pris sans prescription médicale peuvent être néfastes car responsables de surdosages.

Que doit-on trouver dans son alimentation en cas de grossesse et plus particulièrement de grossesse gémellaire ?

– Les folates, acide folique ou vitamine B9

  • L’acide folique est un facteur clé de la division cellulaire. Un déficit à une phase décisive (14ème-21ème jour de grossesse) du développement du système nerveux embryonnaire peut se traduire par des malformations graves, à savoir des anomalies de fermeture du tube neuronal (AFTN) telles que le spina-bifida.
  • On recommande donc la prescription systématique d’acide folique dès l’arrêt de la contraception, et on recommande de poursuivre la supplémentation pendant 8 semaines après le début de la grossesse.
  • L’acide folique étant présent dans les fruits et les légumes, il est important d’en consommer quotidiennement, même en bénéficiant de cette supplémentation. N’oubliez pas vos 5 fruits et légumes par jour !

– La vitamine D

  • Elle joue un rôle majeur dans la minéralisation du squelette fœtal en augmentant la capacité de l’intestin maternel à absorber le calcium. De plus c’est à partir des réserves maternelles en vitamine D que se constituent les réserves du nouveau-né, qui lui permettront de contrôler son métabolisme calcique et la minéralisation de son squelette.
  • Les besoins sont couverts par l’alimentation ainsi que par la production de vitamine D dans l’épiderme sous l’influence du rayonnement solaire. C’est pour cette raison que selon la saison de la date de votre accouchement, une supplémentation en vitamine D peut vous être proposée.Dans tous les cas, la consommation de poissons gras riches, en vitamine D, est à privilégier par les femmes enceintes.
  • Compte tenu de l’incidence élevée d’une déficience en fin de grossesse, il est recommandé de supplémenter systématiquement en vitamine D tous les nourrissons au sein.

– Le Calcium

  • Les besoins en calcium durant la grossesse sont assurés par une légère augmentation de la consommation de produits laitiers : 2 à 3 yaourts/jour ainsi qu’une portion de 30 g/jour de fromage à pâte pressée cuite comme le Beaufort, l’Abondance, le Comté, l’Emmental, le Gruyère, le Parmesan .
  • Une adaptation physiologique du métabolisme calcique maternel, qui n’est possible qu’en présence de réserves suffisantes en vitamines D, rend une complémentation médicamenteuse en calcium inutile pour la grande majorité des femmes enceintes.
  • Vous pouvez également augmenter vos apports en calcium grâce aux eaux minérales riches en calcium : celle dont les teneurs en calcium (Ca) sont supérieures à 150 mg/l.
  • Utilisez également ces eaux si vous n’appréciez pas les produits laitiers mais limitez à 1 par jour les produits à base de soja (attention également au tofu) car ils sont riches en phyto-estrogènes qui traversent le placenta et qui pourraient avoir un lien avec des troubles de la fertilité.

– Le fer

  • L’absorption intestinale du fer augmente au cours de la grossesse pour atteindre au cours des derniers mois, des valeurs 5 à 9 fois plus élevées qu’en début de grossesse. Compte tenu de cette adaptation, c’est uniquement en cas d’anémie qu’un supplément médicamenteux en fer est indiqué.
  • Il est déconseillé de boire du thé en grande quantité (au delà de 1 litre/jour) et surtout à la fin d’un repas car il peut diminuer l’absorption du fer d’origine végétale. Privilégier donc plutôt les tisanes.
  • Par contre les agrumes contiennent de la vitamine C qui améliore l’absorption du fer d’origine végétale . Pensez donc à presser du citron sur vos poissons ou à terminer votre repas avec une orange, des mandarines ou un pamplemousse.
  • La viande et le poisson à votre menu 1 à 2 fois/jour vous permettront de couvrir votre besoin en fer. Le boudin noir (à consommer bien cuit) est très riche en fer, les légumes secs : lentilles, pois chiches, pois cassés, haricots secs, sont également intéressants même si le fer qu’ils contiennent est moins bien absorbé que le fer d’origine animale.

– L’iode

  • Une déficience iodée au cours de la grossesse peut avoir des conséquences sur la maturation du cerveau fœtal, il est donc important de consommer des aliments naturellement riches en iode : lait et produits laitiers, crustacés, poissons marins, œufs, sel iodé.
  • Certaines situations peuvent nécessiter une complémentation : tabagisme, grossesse rapprochée, régimes particuliers tels que le végétarisme ou le végétalisme.

– Les phytostérols

De nombreux produits (margarine, yaourt….) sont enrichis avec ces constituants végétaux qui diminuent l’absorption du cholestérol. Les risques de leur consommation par les femmes enceintes ou qui allaitent n’étant pas connus, il est déconseillé de consommer ces produits pendant ces périodes même en cas d’hypercholestérolémie.

Que peut-on et doit-on boire ?

  • 2.5 litres d’eau sont nécessaires pendant la grossesse et l’allaitement : 1 litre est fourni par les aliments et 1.5 litres par les boissons telles que l’eau, les tisanes et le lait 1/2 écrémé.
  • L’eau du robinet est tout à fait recommandable mais si vous préférez une eau en bouteille choisissez en une qui ne soit pas trop salée (sodium, Na < 150 mg/l) et qui présente une bonne teneur en calcium (Ca > 150 mg/l) et en magnésium (Mg > 50 mg/l).
  • Il est conseillé de limiter sa consommation de caféine en ne dépassant pas 3 tasses de café léger par jour pendant la grossesse et l’allaitement. Aucun effet néfaste n’est démontré mais la caféine en excès pourrait avoir comme conséquence une agitation du bébé.
  • Bon à savoir : le thé contient deux fois moins de caféine que le café.
  • Concernant l’alcool, ses concentrations dans les circulations maternelles et fœtales sont équivalentes, il convient donc d’éviter toute consommation de boisson alcoolisée pendant la grossesse.

Pour plus de renseignements http://www.dieteticienne-salon.fr/

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